NOSTALGIE... QUAND TU NOUS TIENS !
- Claire Peralta
- 5 juin 2017
- 3 min de lecture

En triant quelques photos de mon chemin vers Compostelle pour poster sur notre compte Instagram, je me suis replongée deux ans en arrière…
Que de superbes souvenirs ! La liberté totale, juste un sac à dos, et des kilomètres durant, la beauté de la nature, des rencontres fabuleuses, une zénitude immense ! C’est vrai que ces deux mois m’ont ressourcé, j’ai réussi à faire abstraction de tous les problèmes que je laissais derrière moi, c’est si bon cette légèreté ! J'espère que je retrouverai cet état d'esprit durant mon tour du monde ...

Je ne peux rien trouver de mieux pour évoquer cette période de ma vie que de vous livrer ici un petit extrait du livre de Jean-Christophe Rufin. JC Rufin est un médecin engagé dans l’action humanitaire. Il a occupé plusieurs postes de responsabilités à l’étranger, notamment celui d’ambassadeur de France au Sénégal, le voyage donc, il connait ! Il a suivi le « Camino Norte » jusqu’à Saint Jacques : 800 kms le long des côtes basques et Cantabriques, à travers les montagnes sauvages des Asturies et de Galice. Il s’est peu à peu transformé en clochard céleste, en routard de Compostelle, il raconte dans le livre « Immortelle randonnée » avec une délicieuse auto-dérision, ce parcours humain et spirituel.

« … Le pèlerin obéit au chemin, comme il l’a fait sans s’en rendre compte depuis le début, mais cette fois il s’exécute sans murmurer. Il a trouvé son maître. Chaque matin, il chausse ses souliers comme on enfile un bleu de chauffe. Ses pieds se sont adaptés à ses semelles, ses muscles se sont déliés, la fatigue lui obéit et s’efface au bout d’un nombre connu de kilomètres. Le pèlerin pèlerine comme le maçon maçonne, comme le marin part en mer, comme le boulanger cuit ses baguettes. Mais, à la différence de ces métiers que récompense un salaire, le pèlerin n’a aucune rétribution à espérer. Il est un forçat qui casse ses cailloux, une mule qui tourne en rond autour de son puits. Cependant, l’être humain est décidément fait de paradoxes et la solitude permet de bien les observer : Le Jacquet s’extasie de trouver au fond de cette servitude une liberté inédite…. Un rayon de soleil le sèche tandis qu’il s’est trempé jusqu’aux os en marchant dans les flaques d’un bord de route : Le voici radieux. Il s’arrête dans un affreux bistrot près d’une station-service et merveille ! le jambon est délicieux et le pain moelleux : Il se pâme. Il trouve un arbre pour s’abriter du soleil de midi et les chiens qui aboient à la mort dans la ferme derrière lui sont retenus par une bonne clôture : Il ferme les yeux de bonheur. La Cantabrie enseigne la frugalité et contraint le marcheur à mieux user de ses sens pour découvrir à la surface d’une réalité sans grâce des risées de bonheur, des fleurs de bonté inattendues… »

C’est vrai qu’au bout d’un certain nombre de kilomètres, on finit par s’extasier pour pas grand-chose, mais quand même sur « le camino frances » j’ai vu des paysages magnifiques !
Pour ma part cette escapade n’était pas une démarche spirituelle mais plutôt un voyage initiatique, une introspection. J’ai rencontré sur le chemin pas mal de « religieux fanatiques » mais beaucoup, comme moi, n’étaient que des marcheurs en quête de soi. Il régnait une grande tolérance entre les pèlerins, nous arrivions même à faire abstraction des différences de langage et le soir, dans les albergues espagnoles régnait une sorte de communion...

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